Raul Rocha Cantu et Anne Jakkaphong Jakrajutati

Entre accusations de trucage, conflit d’intérêts et propos racistes, le président de Miss Univers est désormais prêt à abandonner le navire

À peine quelques jours après la couronne de Fátima Bosch, Miss Univers 2025 est devenue le théâtre d’un des plus grands scandales de l’histoire des concours de beauté. Au centre de la tempête : Raúl Rocha Cantú, copropriétaire et président de l’organisation, dont la gestion chaotique a transformé le prestigieux concours en véritable catastrophe médiatique.

 Un concours sous le signe du favoritisme

La polémique a éclaté lorsque le compositeur franco-libanais Omar Harfouch a révélé que les finalistes avaient été présélectionnées par un “jury improvisé” avant même le début officiel du concours. Harfouch, qui faisait partie du panel de juges, a démissionné publiquement en affirmant avoir été directement pressé par Rocha et son fils.

Harfouch a déclaré : “J’ai été approché il y a une semaine à Dubaï par Rocha et son fils, qui m’ont pressé de voter pour Fátima Bosch parce que ce serait bon pour leurs affaires”. Le musicien a même partagé une photo montrant Rocha et Bosch dans une étreinte, suggérant des liens inappropriés entre le propriétaire du concours et la gagnante.

 Un contrat de 30 millions d’euros au cœur du scandale

Les accusations ont pris une nouvelle dimension lorsque le journaliste Jorge García Orozco a révélé qu’en 2023, la compagnie pétrolière mexicaine Pemex avait attribué un contrat de 745 millions de pesos (environ 30,7 millions d’euros) à Soluciones Gasíferas del Sur, une entreprise appartenant à Raúl Rocha.

Le détail troublant ? Au moment où ce contrat lucratif a été conclu, Bernardo Bosch Hernández, le père de Fátima Bosch, occupait le poste de directeur chez Pemex Exploration et Production. Cette chronologie suspecte a alimenté les spéculations selon lesquelles la victoire de Fátima Bosch aurait été scellée bien avant que la couronne ne soit placée sur ses épaules.

Des propos racistes qui indignent

Comme si les accusations de trucage ne suffisaient pas, Rocha s’est attiré de nouvelles critiques en expliquant pourquoi Olivia Yacé, la représentante de la Côte d’Ivoire, n’avait pas pu gagner. Lors d’un livestream le 25 novembre, Rocha a affirmé que Yacé aurait passé son règne “dans l’appartement” parce que sa nationalité exige des visas pour plus de 170 pays.

Cette explication a provoqué l’indignation, d’autant plus qu’Olivia Yacé détient apparemment un passeport américain. Les critiques soulignent également que d’autres candidates avec des restrictions de voyage similaires ont été autorisées à concourir, révélant une double mesure flagrante.

Une démission publique de juges

Le chaos ne s’est pas limité aux coulisses. Plusieurs membres du comité de sélection ont démissionné publiquement, dont le musicien Omar Harfouch, la légende du football Claude Makélélé, et la présidente du comité elle-même, la princesse Camilla di Borbone delle Due Sicilie.

Malgré ces démissions largement médiatisées, Rocha a insisté dans une série de posts Instagram qu’aucun juge n’avait démissionné, qualifiant Harfouch d’“opportuniste” et affirmant que “personne ne le connaissait”. Il a même suggéré que le musicien portait des lunettes noires la nuit pour éviter le contact visuel.

Le patron veut quitter le navire

Face à l’accumulation de scandales, Rocha a déclaré lundi qu’il cherchait “quelqu’un à qui le transmettre” lors d’une interview avec la journaliste mexicaine Adela Micha, affirmant qu’il était “exaspéré” par les responsabilités liées au fait d’être “le propriétaire, le dirigeant, le président” de l’organisation.

Cette annonce survient à peine dix mois après que Rocha ait acquis 50% de Miss Univers en janvier 2024, en partenariat avec la femme d’affaires thaïlandaise Anne Jakkaphong, elle-même actuellement détenue en Thaïlande pour fraude.

 Un passé entaché

L’histoire de Rocha avec les scandales ne date pas d’hier. Il était propriétaire du Casino Royale à Monterrey, lié par les autorités au cartel Los Zetas après un incendie criminel en 2011 qui a tué 52 personnes. Bien qu’il ait été blanchi de toutes les accusations, il avait fui vers les États-Unis pendant l’enquête.

Une organisation en chute libre

L’édition 2025 de Miss Univers restera dans l’histoire comme l’une des plus controversées. Entre les accusations de trucage, les démissions de juges, les remarques racistes, les conflits d’intérêts financiers et la violence verbale envers les candidates, le concours a perdu toute crédibilité.

Harfouch a annoncé son intention de produire un documentaire sur ces allégations en mai 2026, promettant de nouvelles révélations qui pourraient achever de détruire la réputation d’un concours jadis prestigieux.

Pour Fátima Bosch, la nouvelle Miss Univers, la victoire est ternie par ces scandales. Même si elle n’est pas responsable des actions de Rocha, sa couronne restera à jamais associée à l’une des périodes les plus sombres de l’histoire de Miss Univers.